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Pêche durable : un luxe de pays riche ? Le rapport qui révèle une fracture mondiale

Le recent rapport de la FAO sur l’état des océans dresse un constat alarmant. Alors que 35 % des stocks de poissons sont surexploités, la véritable crise se cache dans une profonde inégalité. Entre les nations capables d’imposer une gestion rigoureuse et celles qui en sont démunies, on assiste à un océan à deux vitesses.

Présenté le 11 juin, le rapport 2025 de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) confirme que la surpêche continue de vider les océans.

« Sur 100 stocks de poissons, 35 sont surexploités », résume Manuel Barange, sous-directeur général de la FAO.
« En des termes financiers, nous retirons plus que les intérêts : nous attaquons le capital ». A-t-il mis en garde.

Derrière ce chiffre se cache une réalité bien plus complexe, celle d’une planète divisée. L’étude révèle une fracture spectaculaire entre les régions où la pêche durable est une réalité et celles où elle reste un objectif utopique.

Le Nord, champion de la gestion durable

Sur la côte pacifique des États-Unis et du Canada, plus de 90 % des stocks sont exploités de manière durable.

En Australie et en Nouvelle-Zélande, ce chiffre dépasse les 85 %. Dans l’Antarctique, où la coopération scientifique et le contrôle sont drastiques, la quasi-totalité des pêcheries sont jugées durables.

Ces régions ont en commun des institutions fortes, des moyens scientifiques conséquents pour évaluer les stocks, et une capacité de surveillance pour faire respecter les quotas.

Le succès y est, la preuve que « quand la gestion est rigoureuse, ça fonctionne » a ajouté Manuel Barange.

Le Sud et la Méditerranée, épicentres de la crise

De l’autre côté, le rapport pointe du doigt des zones où les moyens manquent cruellement.

Le long des côtes nord-ouest de l’Afrique, du Maroc jusqu’au golfe de Guinée, plus de la moitié des stocks sont surexploités.

Au Gabon, les inquiétudes sont si vives que les autorités ont récemment rompue l’accord de pêche avec l’Union européenne.

La situation est encore plus préoccupante en Méditerranée et en mer Noire, où 65 % des ressources sont jugées non durables.

Dans ces eaux partagées par de nombreux pays aux capacités très diverses, la coordination est un défi permanent.

Une question de moyens, pas de volonté

Face à ce fossé, la tentation serait de blâmer les pays où la surpêche fait rage. Mais le rapport de la FAO suggère une autre lecture.

Le problème n’est pas tant un manque de volonté qu’un manque de moyens. « Dans certaines régions, il manque de tout : les structures de contrôle, les capacités scientifiques, les institutions », regrette Manuel Barange.

La gestion durable implique de financer des patrouilles en mer, former des scientifiques, mettre en place des systèmes de suivi des navires, et compenser les pertes économiques à court terme pour les pêcheurs.

Un coût que de nombreux pays du Sud ne peuvent assumer seuls.

L’enjeu, comme le souligne le biologiste, n’est donc pas de « pointer du doigt », mais de « comprendre pourquoi ça ne marche pas, et d’aider ces pays à reconstruire leurs ressources ».

Le sauvetage des océans ne se jouera pas seulement sur les ponts des chalutiers, mais dans la mise en place d’une solidarité internationale capable de donner à tous les pays les outils pour protéger leur propre « capital » marin.

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